Pour la première fois de son histoire, la Route du Rhum – Destination Guadeloupe 2022 a vu son départ officiel décalé de deux jours, pour cause de conditions météorologiques difficiles. C’est donc ainsi que commence cette 12e édition de la transatlantique, qui s’annonce compliquée et qui fera divers dégâts sur l’ensemble de la flotte, causant de nombreux abandons forcés – dont celui du FULLSAVE148. Retour sur cette édition aux conditions inédites.
Malgré une pénalité pour départ anticipé, les premiers jours de course sont bien partis !
Jean-Pierre regagne de nombreuses places au classement, malgré des conditions de course déjà difficiles. Bilan des deux premiers jours : 4 abandons et plusieurs escales techniques pour diverses casses sur plusieurs catégories de bateaux.
L’objectif est alors clair : naviguer « en bon marin », en essayant de préserver au mieux le bateau et éviter toute casse compromettante.
La situation se dégrade rapidement au large du Cap Finistère et plusieurs bateaux sont contraints d’abandonner la course pour cause de démâtage.
Le FULLSAVE148 n’est pas épargné et Jean-Pierre commence à constater aussi quelques dégâts à bord, mais qui ne l’empêchent pas de continuer.
Puis, la tempête Nicole, réelle bombe météorologique, entre en jeu avec des vents moyens de 40 nœuds et des rafales jusqu’à 55-60 nœuds, dans une mer souvent croisée avec de vagues de 6 à 9 mètres.
L’enjeu pour Jean-Pierre : éviter la tempête ! Malgré cela, le FULLSAVE148 se retrouve face à des rafales de près de 50 nœuds, sur une mer forte et irrégulière. Le bateau fait face à de nombreux soucis techniques, dont la rupture du hook de tourmentin. Le constat est sans appel : il n’est plus possible d’utiliser le tourmentin ou la trinquette, voiles essentielles pour affronter les vents soutenus prévus pour les jours suivants et rejoindre sereinement l’archipel des Açores.
Dans ce genre de situation, la sécurité du skipper prime sur la régate, et il n’est pas envisageable de poursuivre la transatlantique sans voiles adaptées, seul face à une mer particulièrement agitée.
Le lundi 14 novembre, au matin du 5e jour de course, Jean-Pierre fait le choix de se mettre en sécurité et se résout à l’abandon. Il se déroute vers Cascais, près de Lisbonne.
Cette Route du Rhum était une course très importante pour moi, représentant 3 années de préparation, d’efforts et de sacrifices. Je suis donc forcément très déçu de ne pas être arrivé au bout. La décision d’abandonner a été très difficile à prendre, mais mes 50 années d’expérience des régates m’ont appris à savoir m’arrêter tant qu’il est encore temps. Je ne pouvais plus naviguer en sécurité, et je risquais d’avoir besoin d’engager des secours en cas de problème supplémentaire. Cette façon de naviguer ne correspond pas à mon état d’esprit. Ces trois dernières années, particulièrement fortes en émotions, resteront malheureusement à jamais inachevées… Mais même si je suis déçu, je n’ai aucun regret, je sais que j’ai pris la bonne décision. Je tiens aussi à sincèrement féliciter tous les concurrents : cette course a été très dure pour tout le monde, et elle restera gravée dans nos mémoires.
Et si la course au large en solitaire est aujourd’hui terminée pour Jean-Pierre, l’aventure nautique, elle, continue. C’est à travers un grand projet de transmission que Jean-Pierre continue sa route. Le marin a toujours accordé une importance particulière au fait de transmettre après soi ses valeurs, ses convictions et son savoir-faire aux prochaines générations.
Il navigue depuis plusieurs mois avec un jeune skipper, Gildwen Moriceau-Loquen, à qui il compte bien passer le flambeau. C’est avec ce magnifique projet que Jean-Pierre s’élance désormais corps et âme, pour faire vivre sa passion encore et toujours !
Chez FullSave, nous sommes tous très fiers d’avoir donné notre nom au bateau de Jean-Pierre, et de l’avoir accompagné ces deux dernières années. Au fil du temps, de vrais liens forts se sont créés. C’est donc avec beaucoup d’émotions que nous félicitons Jean-Pierre pour son parcours. Son début de course était remarquable, et nous savons que prendre la décision de mettre fin à sa traversée était la meilleure, mais également la plus courageuse des décisions qu’il aurait pu prendre.
Crédits photos
© Jean-Louis Carli
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